Les sujets et les sentiments noirs sont au centre du travail de Bernard Buffet (1928-1999) qui est exposé au musée d’art moderne Yves Brayer aux Baux-de-Provence. Cette exposition de gravures et de peintures de Bernard Buffet, c'est aussi l'histoire d'une grande amitié entre Yves Brayer et le peintre Bernard Buffet.
Jean Cocteau évoquait le travail du peintre Bernard buffet en le décrivant comme "son étonnante écriture de mante religieuse". Un excellent résumé de cette exposition qui propose trois séries de gravures : "La voix humaine", où l'artiste traite de la souffrance de la séparation du point de vue féminin, "L'enfer de Dante" prétexte à dépeindre les sentiments d'angoisse des personnages de la "Divine comédie" et "Jeux de Dames", composée principalement de nus accompagnés de poèmes d’écrivains célèbres du XIXème siècle comme Baudelaire, Rimbaud et Verlaine. Des textes rythment l'exposition de ces compositions sombres qui comptent parmi les plus célèbres de l'artiste. Le musée d’art moderne du Touquet-Paris-Plage expose également jusqu'au 31 mai 2015 des œuvres de Bernard Buffet réalisées après 1958. A partir de ces années là, la couleur avait envahi les peintures de Bernard Buffet et son inspiration avait pris une autre orientation, notamment après sa rencontre avec Annabel Schwob, sa muse qui deviendra son épouse. En effet, après cette rencontre avec Annabel Schwob, la vie et la peinture de Bernard Buffet prennent un nouveau tournant. Alors que le peintre vient de rompre avec son compagnon Pierre Bergé qui gérait sa carrière, Buffet se met à peindre des toiles beaucoup plus colorées. Qu'il s'agisse de bâtiments, de paysages, de portraits (ses clowns restent à cet égard très célèbres) les lignes restent toujours coupantes et perpendiculaires. Il ne cessera de peindre sa muse, Annabel Schwob cette une grande femme brune avec laquelle l’artiste a vécu un amour passionné jusqu’à la fin de ses jours. En 1958, Buffet est au sommet de son art et il y restera jusqu'à la fin des années 1990. Atteint de la maladie de Parkinson qui l'empêchera de conserver la maîtrise de son trait, il se suicide dans un dernier mouvement artistique : le sac en plastique noir dans lequel il s'étouffe volontairement porte sa célèbre signature, Bernard Buffet, artiste jusque dans la mort. Annabel son épouse dont les deux parents s'étaient également suicidés ne supportera pas cette nouvelle mort volontaire, sombrera et cherchera refuge dans l'alcool pour disparaître à son tour six années plus tard.